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Photo du rédacteurPhilippe Villeneuve

Un changement derrière le banc à Ottawa?


Crédits photo: Ottawa Sun


Samedi dernier, les Sénateurs ont perdu 6-4 contre un rival de division à la maison. Une cinquième défaite dans leurs 6 derniers matchs. Dû à ce difficile début de saison, on pouvait entendre les partisans à Ottawa chanter haut et fort: « FIRE D.J ».


D.J Smith a été engagé en tant que nouvel entraîneur-chef des Sénateurs en mai 2019. L’organisation l’avait sélectionné parmi plusieurs autres candidats pour s’occuper d’une jeune équipe en reconstruction. Est-ce qu’il a fait un bon travail durant ces années? Selon moi, majoritairement, oui.


Les joueurs n’avaient que du positif à dire à son sujet. Il était visiblement apprécié par tous, et il est très important qu’un entraîneur entretienne une bonne relation avec des adolescents qui débutent leur carrière au niveau professionnel.


On peut aussi affirmer que sa façon de développer ses joueurs était très efficace. La progression de Brady Tkachuk, Tim Stützle, Josh Norris et tant d’autres sous sa tutelle a été remarquable.

Cependant, l’équipe a terminé sa reconstruction. Toutes les décisions des dirigeants sont maintenant dans le but de participer aux séries éliminatoires. Cela veut donc dire que les qualités de développement de Smith ne sont plus autant requises qu’elles l’étaient auparavant. Il faut maintenant gagner avec des attentes beaucoup plus élevées, attentes qui étaient présentes l’an dernier, mais encore plus en 2023-24. Et jusqu’à maintenant, la troupe de D.J Smith n’a pas été à la hauteur.


Des décisions douteuses

Le blâme ne peut évidemment pas aller complètement sur l’entraîneur-chef. Les joueurs ont une très grande part de responsabilité à prendre. Il faut aussi penser aux blessures qui se multiplient à des joueurs importants et qui rendent la tâche à D.J beaucoup plus compliquée. Par contre, certaines des décisions de l’entraîneur sur des choses qu’il peut contrôler sont souvent remises en questions.

Par exemple, la façon dont il utilise Thomas Chabot. Le jeune défenseur a été lourdement sur-utilisé depuis le début de sa carrière et faisait souvent partie des joueurs avec le plus de temps de jeu en moyenne par match à chaque saison. Smith lui faisait extrêmement confiance, mais ça pouvait le désavantager, puisqu’il avait tendance à commettre plus d’erreurs avec la fatigue plus tard dans le match. Cette saison, Chabot a déjà manqué deux pratiques pour se reposer ou guérir certaines blessures mineures. Même avec du renfort en Jake Sanderson et Jakob Chychrun, Chabot est le joueur qui passe le plus de temps sur la glace avec une moyenne de 24:19 par match. Cette confiance de D.J Smith pourrait impacter négativement la carrière du #72 à long terme.



Les systèmes appliqués par Smith font aussi face à plusieurs critiques. La couverture défensive devant le filet a été un problème majeur pour les Sénateurs cette saison. À plusieurs reprises, des attaquants adverses se retrouvent seuls dans l’enclave, sans contestation, et punissent les Sénateurs pour l’erreur. Autant les défenseurs doivent assumer leur rôle et protéger le gardien, autant les entraîneurs doivent mettre une nouvelle stratégie en place pour limiter ses chances de qualité.


Par ailleurs, le système de « dump and chase » pour entrer en zone adverse a été complètement inefficace. La plupart du temps, les joueurs ne sont pas premiers sur la rondelle et perdent possession du disque. Smith possède d’excellents joueurs de transition comme Stützle, alors pourquoi ne pas l’utiliser pour obtenir plus de temps en zone offensive? De plus, une chose que les partisans reprochent énormément à D.J Smith est son incapacité à s’ajuster. Un parfait exemple est lors du match contre les Kings, où la stratégie du « dump and chase » se faisait complètement annuler par le système défensif de 1-1-3 utilisé par Los Angeles. Cependant, les joueurs continuaient de faire la même chose et constamment perdre possession du disque jusqu’à la dernière minute du match qu’ils ont perdu, je vous le rappelle.


Il est temps d'un changement

« La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à s'attendre à des résultats différents » - Albert Einstein.


Voici une statistique pour vous. Depuis l’embauche de Smith en mai 2019, toutes les équipes canadiennes ont changé d’entraîneur-chef au moins une fois. Sauf les Sénateurs. Toutes les équipes canadiennes ont participé aux séries éliminatoires aux moins une fois depuis ce temps. Sauf les Sénateurs. Sans oublier qu’Ottawa porte une fiche de 124-145-32 durant cette période.

Alors pourquoi le refus de changer d’entraîneur si l’équipe ne gagne pas dans une industrie basée sur le succès? Cette question demeure sans réponse et crée inévitablement de la frustration pour les partisans des Sénateurs. Ils ont été patients pendant la reconstruction, mais cette patience commence à disparaître.


Les excuses, ils en ont assez entendues. Tout ce qu’ils veulent, c’est voir leur équipe gagner des matchs et participer au bal du printemps, chose à laquelle ils n’ont pas assisté depuis la saison 2016-17. La réaction de demander le renvoi de D.J Smith est donc complètement justifiée, puisque ce sont des partisans passionnés qui n’en peuvent plus de regarder l’équipe, dans laquelle ils investissent temps et argent, dans le bas du classement.


Il faut croire que sans la présence de Pierre Dorion, qui était toujours le premier à défendre D.J, la marge de manœuvre de l’entraîneur-chef est largement réduite. Le prochain directeur général voudra fort probablement amener quelqu’un qu’il sélectionnera lui-même. Il semble être seulement une question de temps avant de voir un nouveau visage derrière le banc. L’équipe doit seulement ne pas s’éloigner trop loin d’une place en séries avec Smith en attendant son remplaçant, si le changement se fait cette saison.

Parfois, une nouvelle voix dans le vestiaire peut faire toute la différence. Ce phénomène a pu être observé plusieurs fois dans l’histoire de la LNH. Et oui, plusieurs joueurs importants de l’équipe ont déclaré publiquement leur appréciation de D.J Smith en tant que personne. Moi, j’aime beaucoup manger du chocolat. Mais est-ce que de manger du chocolat est bon pour moi? Non. Le même concept s’applique dans cette situation.


Philippe Villeneuve










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